Ma langue
Ma langue
Flirte avec l’oubli
Valse avec l’Univers
S’évadant des hypothèses
Pour embrasser à pleine bouche
Les lèvres hypocrites de la Lumière
Sans raisons
Juste mes caresses
Sur ses hanches vierges<
La Lumière et moi, moi et la Lumière
Infiniment nus
Et blottis
Sous la couverture fragile des mots.
Amnésie traditionnelle
C’est un cri de rage
Qui ronge mes racines
Remplies de vide
Tel un vase qui sonne creux
Mon esprit s’égare
Dans les abysses de l’Histoire
Mes souvenirs craquent
Dans mon crâne
Plein de crack
D’où je viens, qui je suis
Seul maître de mon destin
Cavalier solitaire, seul je fais mon chemin
J’ai reçu des clic et des claques
Comme des coups d’clap en plein cœur
Interminable combat intérieur
J’reçois des coups bas venus de
l’extérieur
Mais je n’bouge pas
J’suis toujours là
Exclu d’une société dite
traditionnelle
J’m’inclus
dans un secteur dit à problèmes
Déraciné
de la terre
J’trouve mes véritables racines
Dans le ventre de ma mère
Jugé trop longtemps par des juges
Noirs au costume blanc
Couleur de sang
Le verdict est lourd
Et les jurés sont sourds
Condamné coupable d’ignorance innocente
J’suis comme ce bouffon de Tarzan
Perdu dans la jungle de l’urbanisation
Bercé par les chants de la télévision
À l’intérieur de mon propre clan
Moi-même j’ai mon propre accent
Ne reconnaissant même pas les miens
Qui viendra me sauver demain
Ces deux poèmes de Paul Wamo, « Ma langue » et « Amnésie traditionnelle », sont extraits de son recueil Le Pleurnicheur, publié pour la première fois aux Éditions L’Herbier de Feu à Nouméa en 2006, pages 58 et 38.
© 2006 Paul Wamo
Retour:
- Paul Wamo – page de présentation
- littérature @ Île en île