Archives vol. 1, nº 2, pages 35-46 |
À FONDS PERDU
|
À MALCOLM LOWRY |
à Edita et Ira V. Morris
Le bleu inaltérable de nos saisons J’étais le maître
incontesté des altitudes,
Comme un dieu (car je l’étais parfois), |
Et je n’en étais jamais brisé.
Je disais :
« Terre ! » et cela seul suffisait Je vous parle d’une alliance
indéfectible |
Et ce n’est pas notre mère
Elle qui voulait qu’en elle |
Ce temps n’est plus. Voici bientôt
la jeune saison
Port-au-Prince, février 1943
|
à Magloire Saint-Aude
La souffrance en touche divisée Et ceci |
Tout se confondait |
Était-ce de jour ou de nuit Étirant
son corps |
Étreignant Et l’oreille au ras de la
folie |
à René Belance
Issues de la déhiscence sexuelle On vous parle
d’un âge aboli |
Pour la gloire initiale Mais déjà |
Sur l’échine verte et pourpre Pour une gicle de
sueur et de terre Et par des sentes
retorses Fantômatiquement |
La giration nuptiale des parfums Il y avait aussi C’étaient l’âge du reptile |
à Wifredo Lam
La raisonnée de l’an neuf Pendant ce
temps |
Il se tournait à droite Mais de grâce ne pleurez
pas |
Le canal d’août faisait Des mangues persuasives Une
brise équivoque |
Puis séché Je pensais
t’enseigner la bienveillance |
à la mémoire de Jacques Roumain
C’était çà ! Douceur hypocrite de
l’alisé
Et la violence soudaine du Cancer
Rut cônique des tambours de la brousse
A mort le mulâtre fils de chien |
Juif manqué d’Haïti À nous ta femme Oui, c’était ça ! Tout ce
galop démentiel |
Forçant les artères de Yayoute pleurant C’ÉTAIT CELA Et cette ruse dépigmentée Août 1947
|
Sarah qu’on t’appelait
Géante nuit au giron inaccessible |
Mais voici qu’on est homme Cette
honorable misère |
Vain tapage en révolution Mais l’escroc
patibulaire |
Or, garée Fruit des
accouplements virides C’était le
fin mot de la fin |
à Aimé Césaire
Dans le train désolé Cette science
péremptoire |
Puis le rapt bénévole Et déjà |
Seigneur délirant des cimes et du son Car tu
nous enseignas Et dans le sec de la savane |
Nous refuseras-tu les secours ? On voudrait fuir
l’exactitude de la souffrance |
Une eau sans âme de toute éternité Des
algues vigoureuses naviguaient Les voiles du monde
dérivaient |
En vain caressions-nous le ventre du silence Vint une
vague toute nue C’est alors
qu’un récif dissident à fleur d’eau |
à Nicolas Guillén
Extase giratoire et plongeante Navigateur d’eau
douce |
L’eau amène le vent pousse Prise aux lianes de
l’aménité |
Le glorieux marteau des papes enrubannés À les entendre si les
cristaux |
Mais suivant les rapports de police Il n’en reste pas
moins |
à Maya Deren
Comme une tige secrète Renouvelée de
l’absence |
J’en suis encore tout ému. Mais de la
communication des hommes |
à Carlos Enriquez
La nonchalance ténébreuse Mais qui
parlait du sel
Au gré du Lamentin |
– Nous le sûmes plus tard En conséquence
nous dit-on Quoi qu’il en
soit |
Aux jours que l’on quêtait Une
femme nous prit par la main La route n’était pas
longue |
Car nous avons fait le voyage |
à Dawn Powell
Las ayant tout pris du mesquin Mais si loin
qu’il se retire |
à Eva Ponticello
Assis, bas, dans la politesse, Ce
n’est pas que des nègres soient
mauvais. |
En parlant peu… Même sur Dieu… Washington, novembre 1948
|
Retour:
- Philippe Thoby-Marcelin – page de présentation
- Lire À Fonds perdu, par Georges Castera
- Boutures, vol. 1, n° 2 – table des matières
- Île en île