(extrait)
Il faut marcher le long des fils électriques pour monter au ciel. Accrocher la lumière au passage avec un bout de fil de fer recourbé dans un jardin entouré de murs. Au risque d’être foudroyés par la vie.
Mais l’herbe est coupée, mon amour, et il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur d’avancer s’il fait sombre.
Comme quand j’avance dans l’espace se creusant dans le noir sur un fil électrique qui s’allonge et où se perpétue une lumière invisible.
Je vous l’annonce : les camionnettes continueront de glisser, et les phares continueront de flotter, et les fenêtres s’ouvriront sur des mers enfin calmes, et le cri de la pierre sur les vitres s’évanouira dans les yeux.
Parce que les choses ne sont réelles que lorsqu’elles peuvent mourir. Or tout ceci se survit à force d’habitude dans les murs à six pans d’une boîte entièrement noire. Que rien ne peut être vrai puisqu’ils sont toujours là et qu’un jour tout le monde se réveillera et chantera en voyant que le soleil se lève.
Mais moi, je ne saurai plus voir et j’appellerai la nuit dans un hurlement de silence.
(extrait)
Voilà la nuit.
Je me tenais tout contre toi aux marges de la ville en attendant que quelqu’un donne visibilité à nos désirs.
Mais les regards sont lointains et ils n’ont pas de failles. Ils nous diluent sans hésitations. Ils nous demandent nos papiers.
Voilà la nuit
Notre souffle pourtant nous est mutuellement respirable
Nos corps ont matière à discussion
à larmes
à remembrance
Juste le moment de cette mort,
et nous pourrons y aller.
Lus par l’auteure, ces deux poèmes sont extraits de La Boîte noire suivi de Départs de Stéphane Martelly, recueil publié pour la première fois en 2004 à Montréal dans une co-édition des Écrits des Hautes-Terres et des éditions du CIDIHCA, pages 39-40 et 70. Poèmes et tableaux reproduits sur Île en île avec permission. Droits d’exploitation et de reproduction : Stéphane Martelly.
© 2004 Stéphane Martelly ; © 2005 Stéphane Martelly et
Île en île pour l’enregistrement audio (1:10
minutes et 38 secondes)
Enregistré à Montréal le 5 juin 2005
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