Qui ? qui ose de l'éventail d'un papaïer chanter qu'il a pouvoir purificateur encore sur l'odeur de cette île ouverte comme une plaie à l'haleine cariée des carnassiers ? Se lève s'il ose, celui de la route ancestrale sans croisée sans détours rectiligne comme la mire d'un peloton d'exécution. Se lève et dise : « Je suis libre en ce puits de siècle en siècle élaboré, de mort en mort approfondi, car dans sa nuit s'épuisent les couleurs. Je suis le chemin de raison pavé de bonnes intentions de ceux qui m'ont donné la nuit Ainsi soit-il. Ainsi sera. » Ah ! qu'il lève la main celui de la route ancestrale. Qui ose de l'ombrelle d'un flamboyant chanter qu'elle a pouvoir estompeur encore sur la laideur de cette île ouverte comme une plaie aux canines aiguës des carnassiers ? Se lève s'il ose, celui de la bonne conscience sans remords sans nuages lisse comme l'œil unique d'un peloton d'exécution. Se lève et dise : « Je suis libre en ce puits de peur en peur élaboré de marche en degré descendu, car débrouillardise n'est pas péché. Je suis le chemin détourné semé de présents ignorés de ceux qui restent dans la nuit. Sauve qui peut. Je suis sauvé. » Ah ! qu'il lève la main celui de la bonne conscience. Qui ose de la mousse de l'océan chanter qu'elle a pouvoir curateur encore sur la crasse de cette île ouverte comme une plaie aux griffes aguerries des carnassiers ? Se lève s'il ose, celui de la satisfaction sans marée sans tempête pure comme la salve d'un peloton d'exécution. Se lève et dise : « Je suis libre en ce puits de guerre en guerre approfondi, de loi en loi assimilé, car jamais n'aurai lumière plus pure. Je suis le chemin de l'Histoire, triangulaire hier, depuis, linéaire sans une escale, et qui nous sauve de la nuit. » Ah ! qu'il lève la main celui de la satisfaction. Qui ? Qui ose chanter que les guenilles de cette île ont pouvoir protecteur encore sur son corps ouvert comme une plaie aux convoitises des carnassiers ? Se lève celui-là s'il ose. Mais qui le lèvera de garde de ceux qui voient passer le temps ?
Le poème « Défi » de Sonny Rupaire est tiré du recueil Cette igname brisée qu’est ma terre natale / Gran parad ti kou baton, publié pour la première fois aux Éditions Parabole à Paris en 1971 et republié aux Éditions Caribéennes à Paris en 1982, page 57.
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