C’est comme de l’ombre repoussée par la
nuit
Que je vois obscurcir la lune déjà pleine ;
C’est comme du brouillard obombrant la vallée
profonde
Qui fait taire soudain les oiseaux qui chantent.
Semblent transis de froid les enfants de la terre
Car ils ne peuvent résister à la volonté de la Nature
:
Et qui affadit le souffle parfumé de l’encens.
Je n’entends plus la brise secrète
Venue entretenir la tristesse de mon âme :
Mon cœur a fait une chute trop violente,
A cause de la trahison de ma bien-aimée.
L’examen de conscience, né de la nuit
solitaire,
Fait explorer ce qui est là, au-delà ;
Et quand on y pense, et quand on fait la somme des
pensées,
On est d’avis que le monde est sans raison
d’être !
Et voilà qu’à nouveau j’entends la voix
mélodieuse
Du rappel lancé par l’autre qui leva ma blessure
!
Elle ne veut pas savoir que mon cœur est triste.
Aussi bien, vient-elle en remplaçante, et non en rivale.
L’un des rares textes de Samuel Ratany écrits en français, « Élégie de Minuit », a été publié pour la première fois en 1941 dans le numéro 28 de la Revue de Madagascar. Il est reproduit dansPoèmes, le recueil de Ratany présenté par François Rakotonaivo, publié à Fianarantsoa aux Éditions Ambozontany en 1993 (page 65).
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