La Réunion,
« Vous êtes arrivés à Saint-Denis de la Réunion, la
température extérieure est de 24° C »
Rienk 24 ?
Quelle déception !
Pourquoi quitter Paris au beau milieu d’un mois de
juillet caniculaire et se retrouver à chercher un bout
de laine dans un pays tropical !
Tropical !
Seul le nom l’est.
Île tropicale.
Première déception.
Chercheurs d’authentiques, passez votre chemin. Je
voudrais accueillir l’étranger, celui qui ne
connaît mon pays, dans d’autres
conditionnements.
« Ou la bien travers la mer, ou la fine ariv Sin Ni,
déor i transpir pa tro, oubli pa mèt ot palto »
Comment éprouver un dépaysement quand des singes trop
dressés à la mode parisienne s’empressent de
dresser le stressé, de lui hisser son drapeau.
La réunion n’est pas la France, qu’elle ne
le devienne pas.
La Réunion n’est pas le monde, qu’elle ne le
subisse pas.
Ce monde qu’on nous montre, monstre
d’animosité, où la technologie, la religion, le
pouvoir politik, le pouvoir poly frik, poli, pâlit,
pâtit, pétrit, périt.
Péril dictature,
Péril
DISFONCTIONNEMENT
Partout les mêmes enseignes,
Pourrissant, salissant nos rues,
Défigurant nos paysages.
Les monts, même les moindres collines,
Se prostituent, sous la coupe du même macro :
multinationales.
Quelle nation ?
Ki nasion ?
Partout les mêmes gens saignent,
Marchant cartes à la main,
Profitant des remises,
soumises,
mise au profit
profil bas
battant la mesure sur les autoroutes du gel de crédit
disant merde au monde et gueulant qu’ils sont
libres, libres, libres.
Nous serons libres quand certains seront au cachot,
ou écrasés par d’autres cachalots.
Partout les mêmes enseignent
le bien, le mal,
la loi, les règles.
social
civil
civilisation
dicter
Ne pas boire, c’est mauvais pour la santé
Et surtout ne pas conduire après
Pas de zamal, pas de drogué
L’état ne gagne pas assez et ne peut tout
contrôler.
Les criminels font pousser 5000 pieds que la loi
s’empressent de brûler.
Merci tendres policiers de nous sauver de ces gangsters
terre à tête.
THC, t’es acheté !
5000 pié, in bon paké !
Étrange que les oiseaux ne soient pas zamalés au point
de ne plus pouvoir voler après une telle flambée.
L’ignition aurait du élever un nuage vert et
jaune.
Où ça ?
Et pourtant on trouve de l’herbe réunionnaise dans
les marchés européens.
Le zamal n’est pas perdu pour tout le monde.
Sauf pour le planteur emprisonné.
Partout les mêmes sans gêne.
Partout les mêmes enseignes
Partout les mêmes enseignent
Partout les mêmes gens saignent
Partout les mêmes cents,
Les mêmes sangs,
Les mêmes sentent
Les mêmes sentinelles
Le même tunnel,
La même tune
L’âme aime, sent, tue
S’en tire,
S’entête,
Sans tête,
Sans dire, sans rire,
s’enorgueillir,
sans cueillir le fruit,
frétillant
sentant, sautant, sans temps,
pôle à risée
poli ment
délit calmant
menteur,
menteur,
moteur,
moteur,
Ça tourne, ça tourne au vinaigre,
La vie nègre
La vigilance,
Lancinant,
Tellement
Tellement,
Étoffe, étoffe, tof, tof !
Ils nous étouffent sans étoffe !
« La Réunion » (« La réynion ») est un poème de Mikael Kourto, lu ici par l’auteur sur le disque Karozin. Marseille: K’A (poèt larénion n° 10), 2003. Le texte du poème et son enregistrement sont reproduits sur Île en île avec la permission de l’auteur et des Éditions K’A.
© 2003 Mikael Kourto ; © 2003 K’A pour l’enregistrement audio (4:24 minutes)
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