Invité : Mario L. Delatour, cinéaste documentariste.
Présentés par Marie-Alice Théard : Nadine Magloire, Autopsie in vivo: le sexe mythique chez Legs Éditions ; le nº 3 (janvier 2014) de la revue Legs & Littérature, thème « Dictature, révolte et écriture féminine » chez Marie Chauvet, Yanick Lahens et d’autres femmes écrivaines ; Évains Wêche, Le Trou du voyeur (2013 Prix Deschamps) ; Berthony Dupont, Jean-Jacques Dessalines, Itinéraire d’un révolutionnaire.
04:31 – Bienvenue à Mario Louis Delatour, Cinéaste,
réalisateur de documentaires. En Californie, 1976-1978 :
école de cinéma à la Columbia School of Motion Pictures
& Television. 1er film, projet d’étudiant :
16mm en 1978. De 1978 à 1980, études latino-américaines
et de cinéma à l’Université de la Californie, Los
Angeles (UCLA). Cinq ans à Hollywood : diversifications
des spécialités, travaux de machiniste, en lumière pour
des films à petits budgets [chez Warner Brothers].
Retour en Haïti 1981-83, où des amis, dont Syto Cavé,
recommande qu’il travaille sur le patrimoine
culturel haïtien. Spécialiste audiovisuel, projet USAID.
De retour chez Warner Brothers en 1983. Réalisateur télé
sur plusieurs chaînes. 1992 Tenerife (Espagne),
07:43 – Travail: thérapie deuils familiaux (décès du
frère aîné, Leslie Delatour). 1993-1997 à Miami et à
l’étranger (Rwanda, Tanzanites, Afrique du Sud,
Sri Lanka) : productions pour la radio danoise. 2001,
retour en Haïti, productions diverses (par ex,
Royal Bonbon, de Charles Najman).
08:04 – 2001: retour en Afrique du Sud : études de fond
sur les victimes d’Apartheid et un bilan de
l’Afrique du Sud jusqu’à l’arrivée à
la présidence de Nelson Mandela en 1994 (2 films de
30′ pour la télévision danoise :
The Politics of Memory et
The Limits of Patience). En 2002, son premier
documentaire haïtien : film documentaire (52′),
portrait du poète Roussan Camille (40 ans après… Roussan Camille). Bien encadré : Carl Lafontant (monteur) ; Syto Cavé
(conseils littéraires) ; Anne Lescot (distribution et
promotion).
12:12 – Deuxième documentaire sur l’histoire des
« Syro-libanais », les Haïtiens d’origine arabe
: Un certain bord de mer, un siècle de migration arabe
en Haïti (sorti en 2005). Sous Florvil Hyppolite (1890), les
premiers bateaux arrivent du Liban en Haïti. Voyages aux
pays (Liban, Syrie, Jordanie) où il y a eu une
émigration vers Haïti.
16:10 – Film de commande de l’ambassade USA sur
« L’Insécurité » (Haiti Today, Peace or Violence, 2006). Quartiers défavorisés, « Cité Soleil » ;
période très dure. Kidnappings, viols, et cetera.
16:28 – Le séisme : petit film « documentaire » en 2010,
35 longues secondes. Bilan de son travail
d’historien. Subventionné par : ambassades,
fondations, mécènes, banques, FOKAL, l’Institut
français…
19:34 – 4e documentaire sur l’effort de renverser
Duvalier le 28 juillet 1958 : Victorieux ou morts mais jamais prisonniers (filmé de 90′ terminé en 2014). Début du règne de
François Duvalier, trois anciens militaires – Alix
Pasquet, Philippe Dominique (« Fito », le frère aîné de
Jean Dominique) et Henri Perpignand (« Riquet ») –
accompagnés par cinq autres aventuriers mercenaires
débarquent, voulant renverser le régime de Duvalier.
Fidèles à Magloire. Film d’action : Pasquet
(pilote d’avion, formé avec les pilotes noirs
américains, les Tuskegee Airmen), Dominique (beau-frère
de Pasquet, formé au Fort Benning aux É-U, puis à
l’école d’équitation à Saumur où il devient
cadre noir) et Perpignand (officier intellectuel,
littéraire, qui aurait rédigé les discours de
Magloire).
25:35 – 1950-1956 : retour au contexte de l’époque
de Magloire et après : l’armée d’Haïti
puissante. Scission de l’armée du 25 mai 1957 : 2
corps rivaux. Pasquet et Dominique révoqués, partent en
exil en Floride pendant un an. Perpignand part dans le
même avion que Magloire vers la Jamaïque puis
s’installe à New York.
31:56 – C’est un film sur les évènements, avec des
dessins animés pour remplacer certaines archives,
inspiré par l’emploi des dessins animés par le
cinéaste israélien Ari Folman et par le travail de la
réalisatrice belge Isabelle Christiaens sur Lumumba, en
retrait dans son film (Kongo, le géant inachevé). Recherche d’illustrateur. Son neveu graphiste
Xavier Delatour lui recommande le dessinateur Chevelin
Pierre qui fera plus de 350 dessins qui seront animés
par James Bazile. Carl Lafontant fera le montage (avec
les films et les photos d’archives, les dessins
animés et les intervenants).
37:01 – Des témoins : 16 personnes à parité (8 des
envahisseurs et 8 du gouvernement de l’époque).
« L’âge d’or » d’Haïti, entre 1946 et
1956 : une période de stabilité et de tranquillité pour
laquelle certaines personnes sont nostalgiques. Après le
départ de Magloire, des gouvernements éphémères – dont
celui de Daniel Fignolé, du gouvernement collégial, de
la junte militaire – qui finissent par l’arrivée
au pouvoir de Duvalier.
40:14 – La visite officielle de Paul Eugène Magloire en
1952 aux États-Unis à l’époque ségrégationniste.
Recherches dans les archives américaines. Magloire a eu
une rencontre avec le président Eisenhower et a parlé
devant le congrès américain (le premier noir ainsi
invité).
40:40 – Éléments différents du film : du noir et blanc,
aux dessins en sépia et des passages en couleur.
Recherches détaillées dans les archives pour voir
s’il y avait un soutien à l’invasion de
1958. Magloire traité en profondeur. La petite junte en
coulisses du pouvoir. Pasquet, Perpignan et
d’autres. École d’équitation de
l’armée montée par Philippe Dominique avec Raymond
Chassagne. En montrant une partie du film au réalisateur
Raoul Peck, celui-ci lui recommande de renverser
l’ordre des séquences. Narration et images
(montage Lafontant, images de Chevelin) réunies avec de
l’imagination.
50:07 – Y aurait-il eu un soutien des Américains ? Les
archives de la CIA n’ont pas été consultées… Il y
eut un « complot », connu et reconnu ultérieurement.
Film prévu aux festivals, à la télé en Haïti (car il
n’y a pas de salles de cinéma pour accueillir du
public) et à la FOKAL (en mars 2014). Improvisation de
lieux divers à aménager, sans oublier les étudiants,
pour les projections.
Production 100% haïtienne.
Théard, Marie-Alice.
Kiskeya, l’île mystérieuse. Canal Bleu
(chaîne 38), Haïti (23 mars 2014), 56 minutes.
Entretien avec le cinéaste Mario L. Delatour.
Mise en ligne sur YouTube le 2 juillet 2020.
Notes de transcription : Ségolène Lavaud.
Les entretiens sélectionnés de l’émission KISKEYA, l’île mystérieuse sont généreusement offerts au public d’Île en île par Marie-Alice Théard.
© 2014 Marie-Alice Théard / Canal Bleu
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