Visions
Dans la lenteur bleue de l’air
Un roc est peut-être l’enclos
D’une île de fougères
Nous y avons élu demeure
Premier matin de vie native
Dans le lourd réveil des germinations
Ô roc suspendu
Comme à la ficelle
D’un temps impair
Trajectoire
Tous les ciels chavirés aux
Pas des voyageurs
Longue marche des mers
La liberté des nuages
Mille étoiles coincées
Dans les interstices
L’aube hésite dans ta nudité
Comme la nonchalance
D’une cigarette éteinte
Le poème naît à l’aurore
De tes yeux
Lumière opale de seins
Sur le miracle de ton corps
Ensemble nous goûtons
À la liberté des mers
Dans la rumeur épaisse des algues
Comme un chant
Comme un chant qui te vénère
Mon amour plus ample que la mer
Un baiser fleuve sur tes cheveux
Noués aux arbres innocents
Sommes deux de la force de la tendresse
Nuit dispersée jour recueilli
Nous sommes deux comme dix
De la tendresse printanière des paysages
Mon amour plus long que l’arbre
Qui noue le ciel et la terre
Plus bleu qu’un nuage qui unit
Ciel et mer au mitan du jour
Nos prunelles une à une
Inventent la lumière
Pour nos corps étourdis
Tiga
Corps d’argile
nés de la paume
nos visages dessinés
aux couleurs du songe
inventent l’arabesque
formes de terre
traversées du regard
la lumière est une parole habitée
par l’étoile
Les poèmes de Gary Augustin, « Visions » et « Trajectoire », sont extraits du recueil Terre brûlée, publié pour la première fois en 2004 à Port-au-Prince aux Éditions Mémoire. « Comme un chant » et « Tiga » sont extraits du recueil Girandole du jour (Port-au-Prince: Éditions Mémoire, 1994), pages 21 et 40.
© 2004 et 1994, Gary Augustin
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