Madeleine Gardiner naît à Port-au-Prince le 25 mai 1926. Elle y fait ses études au pensionnat Sainte-Rose de Lima. Elle continue au niveau supérieur à l’École Normale d’institutrices, ce qui lui permet d’enseigner le français. On la retrouve plus tard au Middlebury College du Vermont, aux États-Unis, où elle poursuit une maîtrise en Langue, civilisation et littérature française qu’elle termine en 1974. Rentrée au pays, elle reprend sa carrière dans l’enseignement, notamment à l’Union School comme professeure de langue et de littérature françaises.
Cette prof de littérature connue pour son féminisme avant la lettre, a elle aussi investi ce territoire avec l’essai critique Visages de femmes, portraits d’écrivains qui lui vaut le Prix Deschamps en 1981. Elle confie ceci dans l’introduction de l’ouvrage :
« … je n’ai point eu de cesse que de retrouver les œuvres d’autres romancières haïtiennes ; et mon étonnement s’est révélé égal à celui de Maryse Condé en constatant combien peu de femmes figurent dans notre Littérature. Alors que depuis quelques décades, elles ont accès aux carrières libérales et professionnelles, qu’elles exercent des fonctions publiques avec non moins de compétences que les hommes, – on les retrouve dans nos hôpitaux, sur les chantiers, au Barreau, aux ministères – on est à se demander la raison de ce quasi-absentéisme… »
En 1984, cette pionnière de la critique haïtienne publie un autre essai, Sonate pour Ida, autour de la vie et de l’œuvre de Ida Faubert, l’une des figures majeures de la poésie féminine haïtienne du XXe siècle. Le roman autobiographique de Madeleine Gardiner, Néna ou la joie de vivre, paraît en 1989.
Madeleine Gardiner, femme de plusieurs passions, amoureuse de la vie, confie beaucoup aimer la lecture, la danse, la musique et le théâtre. Pendant une dizaine d’années, elle est l’une des comédiennes de la Troupe François Latour, se produisant régulièrement au Théâtre National. Par ailleurs, de 1996 à 2005, elle siège au jury du Prix Deschamps, tout en collaborant avec des journaux de la place à travers maints articles. Elle s’éteint à Port-au-Prince le 9 mars 2020.
– Elsie Suréna
Oeuvres principales:
Romans:
- Nena, ou la joie de vivre. Port-au-Prince: Deschamps, 1989.
Essais:
- Visages de femmes, portraits d’écrivains. Port-au-Prince: Deschamps, 1981.
- Sonate pour Ida. (biographie d’Ida Faubert) Port-au-Prince: Deschamps, 1984.
Distinction littéraire:
- 1981 Prix Henri Deschamps, pour Visages de femmes, portraits d’écrivains.
Sur l’œuvre de Madeleine Gardiner:
- Poujol Oriol, Paulette. « La femme dans la littérature ». Journal of Haitian Studies 3.4 (1997-1998): 80-86.
- Voir aussi les liens ci-dessous.
Liens:
ailleurs sur le web:
- Claude-Narcisse, Jasmine et Pierre-Richard Narcisse. « Littérature de femmes ». La Maison d’Haïti (8 mars 2015).
- Dumas, Pierre-Raymond. « Madeleine Gardiner, critique pionnière ». Le Nouvelliste (4 septembre 2007).
- Entretien de Jean-Robert Antoine avec Madeleine Gardiner (extrait), auteure de Visages de femmes, portraits d’écrivains, Prix Deschamps 1981, TNH (vidéo, 2:42 minutes, 1981).
- Peter Frisch parle de Madeleine Gardiner, vulgarisatrice de visages de femmes et de portraits d’écrivains, vidéo de Claude Bernard Sérant (6:51 minutes, 31 mars 2020).
- Sérant, Claude Bernard. « Adieu Madeleine Gardiner, une vulgarisatrice de visages de femmes et de portraits d’écrivains ». Le Nouvelliste (18 mars 2020).