Un oiseau passe éclair de plumes dans le courrier du crépuscule VA VOLE ET DIS-LEUR Dis-leur que tu viens d'un pays formé dans une poignée de main un pays simple comme bonjour où les nuits chantent pour conjurer la peur des lendemains dis-leur que nous sommes une bouchée répartie sur sept îles comme les sept couleurs de la semaine mais que jamais ne vient le dimanche de nous-mêmes VA VOLE ET DIS-LEUR Dis-leur que les marées ouvrent la serrure de nos mémoires que parfois le passé souffle pour attiser nos flammes car un peuple qui oublie ne connaît plus la couleur des jours il va comme un aveugle dans la nuit du présent dis-leur que nous passons d'île en île sur le pont du soleil mais qu'il n'y aura jamais assez de lumière pour éclairer nos morts dis-leur que nos mots vont de créole en créole sur les épaules de la mer mais qu'il n'y aura jamais assez de sel pour brûler notre langue VA VOLE ET DIS-LEUR Dis-leur qu'à force d'aimer les hommes nous avons appris à aimer l'arc-en-ciel et surtout dis-leur qu'il nous suffit d'avoir un pays à aimer qu'il nous suffit d'avoir des contes à raconter pour ne pas avoir peur de la nuit qu'il nous suffit d'avoir un chant d'oiseau pour ouvrir nos ailes d'hommes libres VA VOLE ET DIS-LEUR...
« Dis-leur » a été publié pour la première fois dans
Babil du songer. Kourou: Ibis Rouge, 1997:
142-143
Nous remercions Ernest Pépin de l’autorisation de
reproduire ce poème avec Île en île.
© 1997 Ernest Pépin et Ibis Rouge Éditions
© 2000 Ernest Pépin et Liso Music Production pour
l’enregistrement audio (2:07 minutes)
accompagnement musical: Gilles Floro
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