Pour un soleil en plus : l’île
À l’origine il y eut la déesse Terre. Elle était
tout. Elle était musiques et couleurs, senteurs et
douceurs. Belle, mille fois belle. Et elle était grosse
de l’ensemencement du Père de l’Unité. Mais
le Père de l’unité ne pouvait qu’être
solitaire: aussi était-il déjà re parti vers
d’autres lieux de solitude dès après avoir connu
Terre, la déesse fertile.
Terre était heureuse et se paraît de toutes les nuances
de bleu en attendant l’événement. Que dis-je? En
espérant l’avènement!
Qui rêvait de myriades d’enfants se courant après
dans l’immensité laissée par le Père de
l’Unité? Terre rêvait de myriades d’enfants
se courant après dans l’immensité laissée par le
Père de l’Unité.
Alors elle demanda à Temps, le frère du Dieu de
l’Unité de venir vite à sa rencontre. Et Temps fit
son œuvre.
Qui chantait de douces mélodies en se caressant le
ventre arrondi et tiède? Terre se caressait le ventre
arrondi et tiède en chantant de douées mélodies.
Puis vint l’enchantement et naquirent deux bébés
tout joufflus, tout ronds, tout beaux. Deux fillettes.
Temps, leur parrain, les fit grandir bien vite. Bien
vite elles devinrent espiègles, joyeuses et taquines.
Bien vite aussi elles devinrent adultes et perdirent
leur innocence d’enfants. Elles étaient immenses,
infinies et magnifiques, plus encore que Terre, leur
maman. Elles étaient les dignes filles du Père de
l’Unité. Elles se nommaient Ciel et Mer.
Ciel, la première des deux filles sorties du ventre de
Terre s’embellissait encore de jour en jour. Elle
s’habillait le plus souvent de bleu, d’un
bleu clair, lumineux, éclatant; et Mer ne pouvait alors
qu’essayer de l’imiter. Mais la sienne de
robe se faisait plus sombre. Alors la cadette sentait
une pointe de jalousie étreindre ses vagues qui se
mettaient à frémir, puis à se poursuivre les unes, les
autres en se parant de dentelles blanches.
Ciel pouffait de rire et commençait à promener de gros
moutons gris qui, de temps à autre, poussaient
l’insolence jusqu’à faire pipi sur Mer.
Celle-ci en tremblait de toutes ses lames et en écumait
de colère.
Pour enrager davantage sa sœur, Ciel une fois sur deux,
changeait sa belle robe bleue contre une légère blouse
de soie noire piquetée de diamants scintillants et
d’une grosse broche ronde très brillante. Et la
pauvre Mer était obligée d’envier encore plus
amèrement la garde-robe et les parures de son aînée.
Elle en fut malade de jalousie. Elle en devint mauvaise
de cœur.
Mais ce qui faillit la rendre carrément folle, un matin,
c’est le bijou que Ciel se mit à arborer
orgueilleusement sur sa vêture turquoise; un bijou
d’or tellement beau, tellement brillant
qu’il en était aveuglant. Ciel l’appelait
Soleil.
Pourquoi Ciel avait-elle le droit de porter des bijoux
comme Soleil, Lune, Étoiles et même ces insolents Nuages
gris? Pourquoi pas Mer?
Les deux jumelles ne s’adressaient plus la
parole.
Qui avait rêvé de myriades d’enfants se courant
après dans l’immensité laissée par le Père de
l’Unité? Terre avait rêvé de myriades
d’enfants se courant après dans l’immensité
laissée par le Père de l’Unité.
Voyant la tournure que prenaient les événements, la
Déesse tenta, avec l’aide de Temps, de réconcilier
les deux sœurs. Mais en vain. Plus temps faisait son
œuvre, plus la jalousie gonflait le cœur de Mer.
Qui regrettait l’époque où elle chantait de douces
berceuses en admirant le beau visage de ses enfants?
Terre regrettait l’époque où elle admirait le beau
visage de ses enfants en chantant de douces
berceuses.
Un jour, n’en pouvant plus d’entendre ses
«petites» s’invectiver, se disputer,
s’insulter même, Terre décida de se retirer du
monde. Elle alla cacher ses pleurs, loin, bien loin,
tout au fond de l’immensité laissée par son amant
d’un soir.
Alors Mer durcit encore davantage ce qui lui servait de
cœur. Terre n’avait pas le droit de
l’abandonner face à cette chipie de Ciel qui la
narguait de plus en plus avec son superbe Soleil:
celui-ci n’hésitait pas à lui blesser les yeux de
ses dards de lumière. Terre n’avait pas le droit
de l’abandonner sans réparer une injustice que
même Temps, son parrain, regrettait…
D’ailleurs, un jour que Mer épanchait son chagrin
et sa révolte au creux de l’épaule de Temps, ce
dernier lui glissa à l’oreille le conseil
d’aller trouver Terre, là-bas, au loin, au
tréfonds de l’immensité: «Si Ciel a des bijoux,
c’est parce qu’elle est sortie la première
du sein de la Déesse: elle a eu le loisir de prendre ce
qui traînait à portée de sa main. Va et demande à Terre
de te donner quelque chose à toi aussi, ce qui reste
autour d’elle. Demande-lui un autre soleil, tiens!
tant pis s’il est plus petit, pourvu qu’il
soit aussi beau. aussi étincelant!»
Mais se rappelant le caractère aigri et irascible de sa
filleule, sa promptitude à s’emporter, il
continua: «N’oublie pas cependant que Terre est ta
maman et qu’elle souffre de te savoir malheureuse.
Ne la brusque pas. Ne te précipite pas…»
Il allait sans doute ajouter: «Prends ton temps», mais
se trouva un peu ridicule et se tut. L’idée plut à
Mer. Elle plongea. Elle fila jusqu’au tréfonds de
l’immensité.
Qui avait rêvé île myriades d’enfants se courant
après dans l’immensité laissée par le Père de
l’Unité? Terre avait rêvé de myriades
d’enfants se courant après dans l’immensité
laissée par le Père de l’Unité.
Maintenant, au fond de son cœur, elle priait le Dieu
Temps de faire tout ce qu’il pouvait pour ramener
un peu d’amour entre ciel et Mer. Elle en appelait
même au Dieu de l’Unité, son amant grandiose et
solitaire. Mais il était ailleurs…
Qui pleurait de chaudes larmes en caressant le souvenir
des deux fillettes tout aussi belles l’une que
l’autre qui lui suçaient le sein? Terre caressait
le souvenir des deux fillettes tout aussi belles
l’une que l’autre qui lui suçaient le sein
en pleurant de chaudes larmes.
Soudain qui voit-elle arriver dans le lointain? Mer! Mer
et ses rondeurs bleues. Mer et ses lames tièdes et
ronronnantes. Mer et ses reflets argentés. Quelle joie
pour la maman! Ses larmes redoublèrent mais elles
étaient de bonheur, cette fois. «Dans mes bras, ma
grande bleue!» cria-t-elle au plus loin que pouvait
porter sa voix… La scène fut charmante.
L’immensité en fut toute retournée.
Pourquoi alors fallut-il que Mer dévoilât le but de sa
visite?
– Un soleil? mais ma pauvre enfant, ton père n’en
avait laissé qu’un. Je ne savais pas qu’un
soleil, une lune, des étoiles auraient pu
t’intéresser un jour…
Et bien sûr, maintenant que l’aînée avait tout
pris, Terre ne pouvait pas lui arracher des mains ses
petits trésors… La malheureuse maman voyait
l’excitation gagner sa fille. Les vagues bleues
s’ourlaient d’écume grise. Elles
commençaient à se creuser, elles ronflaient à cette
heure. Elles s’écrasaient avec brutalité contre le
corps de Terre.
– Je veux un soleil! criait Mer.
Terre ne savait plus que faire, ni que dire. Désemparée,
elle finit par proposer à sa fille de prendre comme
bijoux ses propres yeux, ses cheveux…
– Qu’ai-je à faire de tes cheveux? fulmina Mer,
déchaînée. Je VEUX un soleil. Je VEUX un bijou
majestueux dans un écrin de lumière. Je veux MON
soleil!
Brusquement une vague plus violente que les autres, plus
traîtresse, plus impitoyable renversa Terre et lui
arracha un sein. Et plus vite qu’elle
n’était venue, Mer s’en retourna du tréfonds
de l’immensité. Elle emportait sur ses lames
redevenues calmes et ronronnantes, la partie la plus
tendre, la partie la plus nourricière, la partie la plus
symbolique de sa maman. Elle emportait le seul bijou
capable de rendre jaloux le soleil lui-même.
Lorsqu’elle arrêta enfin sa course, elle déposa
délicatement le sein encore tout chaud, tout palpitant,
sur son ventre étale. Le téton pointait orgueilleusement
jusqu’à toucher Ciel qui en verdit de surprise et
de peur: impérial, le Piton des Neiges la menaçait.
Mais un peu plus bas, sur la douce rondeur, là où les
griffes de la lame avaient blessé le sein de Terre, une
légère plaie saignait rouge. La lave descendait chaude,
brûlante, bouillonnante, vers le ventre de l’océan
dont les vagues reculaient d’horreur. Le cratère
ne se referma pas. Une île et son volcan étaient nés,
«bijou majestueux dans un écrin de lumière…»
Depuis ce jour-là, Mer a son soleil, et les deux sœurs
ne se jalousent plus. Elles jouent même, dit-on, à se
toucher et à s’embrasser, là-bas, au loin, au fond
de l’immensité, sur une ligne qu’on appelle
horizon.
Qui avait laissé arracher une partie d’elle-même
pour que ses «petites» connaissent la paix et soient
fières de leur beauté? Terre avait laissé
arracher…
Pou in solèy an plïss : lil
Promié, promié débï mëm lavé lo déès Tér. Èl lété tout:
èl lété la mïsik, la koulër, lo sanbon, la dousër…
Èl lété zizit, mil foi zizit. Son vant kalbasé dopï pë
té i rann aèl ankor plïss karésab. É kisa lavé arondi
aèl kömsa? Kisa lavé plante la vi finfon lo zoli déès?
Papa Lïnionsité!
Solman destin Papa Lïnionsité lété ress an sël-a-sël. Se
pou la rézon lï lété déza roparti dan d’ot zandroi
pou artrouv son tousëlité.
Lo déès Ter lété ërëz kantmëm. É an atandan son déliv i
ariv la matïrité, èl té i porte son plï gayar rob dantèl
ver pal, vér fonsé. vér lémrod…
Kisa té i rèv voir in trafilad ti bouzingo kour inn apré
l’ot dan lespas sanfin lésé par Bondië Lïnionsité?
Tér té i rèv voir in trafilad ti bouzingo kour inn apré
l’ot dan lespas sanfin lésé par Bondië
Lïnionsité.
Alor èl la domann Tan vien rann aèl inn ti vizit. Tan
lété lo frèr Papa Lïnionsité. Tan la fé son travay
dousman, dousman…
Kisa té i shante romans dousivrès tout an paminan son
vante lied é bien arondi? Tér té i pamine son vante tièd
é bien arondi tout an shantan romans dousivrès.
In lër la klosh pou mèt o monn la soné. Dë ti-baba
potlé, zoli, zoli köm tou. Dë ti-fiy. Tan, zòt parin, la
fé grandi azot vitman. Vitman ankor zot la kit lo
marmayans é zot la pérd zot linonsans… Dë zène fiy
inbornab sitèlman lété gran, épï sïrtou gadianm, mil foi
plï gadianm ke zot momon. Zot té i apèl Sièl èk Mér.
Lo premié la sorte dann vant lo momon lété Sièl. Èl té i
anbéli zour an zour. Plï souvandéfoi, èl té i shoizi
linz blë pou porté: in blë klér, briyan, flatan pou lo
zië. Mér, lo dëziëm, té i sèy kopié son sër, mé son rob
aèl, lété moin klatan. Pa étonan, lo li sër la komans
santi in pointe la zalouzri pikot son bann vag. Sad-la
té i guingn frison épï z-apré té i met a porsïv inn a
l’ot pou arash zol dantèl blan.
Alor Sièl té i pèt a rir. «Bavèt! Bavèt!» èl té i arèt
pa shanté épïla, san fé ni inn ni dë, èl té i döne dadak
bèlbèl mouton gri. Tanzaot mëm, sad-la, an zanimo
malélvé é san respé ke zot lété, té i piss sï Mér.
Domann pa si Mér lété fièr: èl té i ékïm èk la raz é
tout son bann läm té i tranm èk kapkap.
Pou anraz son sër ankor davantaz, in foi sï dë, Sièl té
i shanz son gayar rob mousline blë konte in blouz an soi
noir lézé köm dïvé zoizo, kalou köm la zèl papiyon,
tash-tashé sanm diaman; pardsï tousa, in sapér brosh ron
briyan. Lo pov Mér té oblizé akout son grokër pèt an
flër dovan kasaz larmoir son gran sër. La zalouzri té
apou rann aèl malad. La movèzté té apou pran posésion
son läm.
Mé, in matin, sa-k, mank in fil, té riskab fé pérd aèl
la tèt karéman, se lo bizou ke Sièl la akrosh si son rob
blë-vér. In bizou dorédarzan sitèlman kalou, sitèlman
vantar, sitèlman pouponèt… Sièl té i apèl sa
Solèy.
Akoz Sièl lavé lo droi porte bizou tèlke Solèy. Lïne,
Zétoil… é zïska se bann Nïaz gri insolan? Akoz pa
Mer?
Lo dë zimèl té i adrès pï la parnl inn a l’ot.
Kisa lavé révé voir in trafilad ti bouzingo kour inn
apré l’ot dan lespas sanfin lésé par Papa
Lïnionsité? Tér lavé révé voir in trafilad ti bouzingo
kour inn apré l’ot dan lespas sanfin lésé par Papa
Lïnionsité.
An voiyan koman tout lo trïk té i marday, lo déès Tér la
tante rakomod lo dë sër ansanm, édé par son konpér, Tan.
In tiok! O kontrér! Tanplïs Tan té i azi, tanplïs la
maladi grokër té i grinp sï Mér.
Kisa té i rogrèt lépok ousa èl té i shante romans
dousivrès tout an miélan son zië sï la figïr son dë
zanfan? Tér lé i mièl son zië sï la figïr son dë zanfan
tout an shantan romans dousivrès.
In zour, aforstan antann son dë mizi-ng lariazé,
larliké, dispïté. Tér la pï niabou sïporté: èl la désid
alé antér son dépitasion finfon lo sanfinité, Èl la kour
kashièt son larm loin, loin mëm, dan lespas sanfin lésé
par Bondië Lïnionsité.
Alor Mér la dïrsi son kër an galé la rivièr. Son momon
lavé poin lo droi anbandöne aèl sou la koup in
pi-ng-gouèt köm Sièl ke té i an-narg aèl plï-zan-plï,
zour an zour, ansanm son Solèy. Sad-la lé i mank pa in
lokazion anvoy son dar bless lo zië lo pov Mér. Non! Tér
lavé poin lo droi anbandöne aèl san répar in linzïstis
ke kamëm Tan, son parin, té i argrèt. Dayër, in zour
komsa, Mér té âpre anpiëgn son malërë sor èk son bezoin
vanzé sï zépol Tan, sad-la la gliss in mo dan son zorèy:
akoz èl i partiré pa voir son moinon laba, finfon lo
sanfinité?
– Si Sièl nana bizou gadianm kömsa sé akoz ke sé èl la
sorte an premié dann vante zot momon: lër-la, èl la
anprofité pou pass in min dan tou sa-k té i trëne partou
a porté son doi. Alé! Épï domann Tér döne aou in ti
kékshoz galman, kisréti dénué zafér i ress dan son
lantouraz. É akoz pa? Domann aèl in ot Solèy, non? Kamëm
i sré inn plï pti, kosa i fé? Pouvï-k lé osi kalou, osi
briyan…
Mé toudinkou, an raplan koman son fiyël té i mat pou in
oui, pou in non, lï la kontinïé:
– Sopandan, mon ti gâté, oubli pa Tér se out momon.
Oubli pa èl i soufér voir aou malërëz. Brïtaliz pa èl,
Rod pa dézord é.
Lï té i sar azouté: «Pran out tan». Mé lï la trouv lï
narté in pë gogoz é lï la préfér tak son boush.
Mér la estim lidé té pa bèt. San vir-viré, èl la plonzé.
Èl la plonz zïska finfon lo sanfinité.
Kisa lavé rêvé voir in trafilad ti bouzingo kour inn
apré l’ot dan lespas sanfin lésé par Papa
Lïnionsité? Tér lavé rêvé voir in trafilad li bouzingo
kour inn âpre l’ot dan lespas sanfin lésé par Papa
Lïnionsité.
Astër, dan son kër. Tér té i priér Bondië Tan fé tout
son posib pou ramëne in z-ng lamour rante Sièl èk Mér.
Èl té i priér mëm Bondië Lïnionsité, son zaman in nuit,
mé sad-la lété ayër.
Kisa té i dévid larm pardsï larm an karésan lo souvnir
de ti-fiy osi zizit inn ke l’ot apré sïss son bout
tété? Tér té i karès lo souvnir dë ti fiy osi zizit inn
ke l’ot apré sïss son bout tété, tout an dévidan
larm pardsï larm.
Ébin! sïbitman kisa èl i voi arivé dan lo distans? Mér !
Mér tout potlé, tout blë. Mér èk son bann läm tièd ki
ronröne an dousër. Mér èk son bann roflé
dorédarzan… Kél zoi pou lo momon! Son larm la koul
dé foi plïss mé skou-si lélé larm lo bonër.
A! Té i vo la pëne voir sa! Lespas antié lété tout
boulversé! Mé… akoz lër-la, la falï Mér i dévoil
lo bï son vizit!
– In Solèy? Mé, mon ti kafrine, ton papa, Bondië
Lïnionsité lavé less in sël. Moin noré zamé mazine in
Solèy, in Lïne, in ponié Zétoil narté intérès atoué in
zour.
É biensïr, astër ke lo gran sër lavé rafal total èk
kapital, Tér té i pë pa alé arash tousa dan son min
kamëm la di!
Lo pov momon té i voi son ti-fiy komans énervé. Tout
bann vag blë té i mèt a bav lékïm blan, té i ronf an bëf
méshan, té i bat konte lo flan lo vië fäm.
– Mi vë in Solèy! Mér té i arèt pa krié.
Tér té i koné pï kosa fér. La tèt anklavé, èl la propoz
son fiy pran, an guiz bizou, son prop zië, son
shevë…
– Kosa ou vë mi fé èk out shevë? Mér la bandé, lo dë zou
gonflé èk la kolér.
Mi vë in Solèy! Mi vë in bizou grandioz dan in kofié la
lïmiér. Mi vë MON Solèy amoin!
Toudinkou, in vag plï brïtal ke lé zot, plï trèt, plï
sanpitié la kalbït Tér kat pat an-lér. La arash in tété.
É toudsuit, plï vit èl lété arivé, Mér la foulkan la
kourse. Sï son vag rodëvnï trankil é zoiyë, èl té i
anport in morso son momon: lo morso lo plï tann, lo plï
nourisan, lo plï roprézantab. Èl té i anport lo sël
bizou kapab rann Solèy lï-mëm grokër.
Lontan apré, lërk Mér la kal son loumayaz, èl la dépoz
lo tété ankor bien tièd, ankor bien vivan sï son vante
détandï. An dousër. An respé…
Lo bout tété té i pointe la tèt an vantar kömsi pou aviz
Sièl ke la shanz koulër sanm la për: parèy sagay in
lanprër, lo Piton-dé-nèz té i mënas aèl!… Mé in pë
plï ba, sï la rondër tout angras, la ousa bann grif la
läm lavé bless tété lo déès, in grafinïr té i sëgn rouz,
rouz mëm. La lav té i désann sho, brïlan, bouyonan, an
direksion lo vante loséan. Tout bann vag té i arkïl an
krian lasasin…
Lo kratér la zamé rofermé. In lil èk son volkan lété né,
«in bizou grandioz dan in kofré la lïmiér»…
Dopï lo zour-la, Mér nana son Solèy. É lo dë sër lé pï
grokër inn a l’ot. I paré, dapré s-ki di, zot la
rokomans toush-toushé, digdigué, anbrasé… laba,
laba mëm, finfon lo sanfinité, sï in lign i apèl
bardsièl, bardmér, lorizon…
Kisa lavé less arash in morso son prop kor pou-k son dë
ti bouzingo i artrouv la pé, tout an étan fier zot bote?
Ter lavé less arash…
Lu par l’auteur, ce conte de Daniel Honoré, « Pour un soleil en plus : l’île » / « Pou in solèy an plïss : lil », a été publié pour la première fois dans le recueil Contes créoles (La Rénion zanfan lo monn), publié aux éditions UDIR (Saint-Denis, 2003), pages 9-14 (créole) et pages 69-74. Dans le recueil, la plupart des contes en créole réunionnais sont accompagnés d’une traduction française de Jean-François Samlong. « Pour un soleil en plus : l’île » a été écrit et traduit du français en créole par l’auteur, Daniel Honoré. Le conte est reproduit avec sa traduction sur Île en île avec la permission de l’auteur.
© 2003 Éditions UDIR ; © 2004 Daniel Honoré et Île en
île pour l’enregistrement audio (10:04 minutes)
Enregistré à Saint-Denis (La Réunion) le 26 avril 2004
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